Des fouilles effectuées en 1935, au Nord de Molsheim, ont révélé l’existence de nombreuses tombes mérovingiennes (VI e-VII e siècles), le long de l’ancienne voie romaine venant d’Avolsheim. La première mention de Mollesheim n’apparaît que vers 820, dans un acte de donation de vignes de l’évêque Adaloch, en faveur du Chapitre de Saint-Thomas.
Parce que les évêques de Strasbourg y possédaient des biens, il en résulta des conflits entre eux et les empereurs germaniques, querelle qui se termina en 1308, au profit de l’évêque Jean de Dirpheim. C’est lui qui fit agrandir le premier mur d’enceinte datant du milieu du XIII e siècle.
Le « Grand Siècle » a été la période qui a suivi la Réforme luthérienne. Chassés par le Magistrat de Strasbourg, les chanoines de la Cathédrale vinrent trouver refuge derrière les fortifications de Molsheim en 1605. Ils furent précédés par différents ordres religieux : les Jésuites et les Bénédictins, dès 1580, les Chartreux en 1598, suivis par les Capucins en 1657.
C’est ainsi que la cité épiscopale devint au début du XVII e siècle le centre de la Contre-Réforme en Basse-Alsace. Les religieux de Molsheim s’employèrent à combattre la « nouvelle doctrine » par la prédication, l’enseignement et la formation de jeunes prêtres.
La Révolution mit fin à la société d’Ancien Régime et marque l’entrée de la ville dans l’ère industrielle (ateliers Coulaux). Chef-lieu d’arrondissement après 1870, Molsheim a vu ses activités se diversifier au cours du XX e siècle grâce, en particulier, à l’implantation des usines du constructeur automobile Ettore Bugatti (1881-1947).
Du Donon vient la nouvelle d’une vraie débandade de l’Armée allemande. Dans le Sundgau, les alliés ont libéré Belfort et se trouvent devant Mulhouse.
Les Allemands du Reich ont profité de la nuit pour quitter Molsheim. Des chariots agricoles ont été réquisitionnés pour transporter leurs bagages. Coups de canon et feux de mitrailleuses provenant principalement du fort de Mutzig.
Les camions chargés des archives de diverses administrations quittent Molsheim dans la matinée. L’après-midi, la ville est quasi desserte, beaucoup d’habitants se sont réfugiés dans les caves. Strasbourg est libérée par une attaque surprise du général Leclerc. La nuit est calme, à l’exception des coups de canons venant de la vallée de la Bruche et de Saverne.
Vers 11 h, une patrouille de la 2e DB venant de Strasbourg fait une incursion dans les faubourgs. Jean Adloff, un enfant de Molsheim, se trouvait sur un des chars. Deux gendarmes et un motocycliste allemands sont abattus au pont de la Bruche. Le soir, vers 18 h, des bombes incendiaires tombent sur le foyer paroissial et dans le jardin du presbytère protestant.
Poursuite des tirs d’artillerie sur la colline. Vers midi, le Couvent Notre-Dame et la grange Diebolt, rue des Etudiants, sont touchés. Les pompiers sont intervenus avec leurs lances et des seaux de sable, et les feux furent rapidement maîtrisés.
Durant la nuit, 200 à 400 soldats allemands sont entrés discrètement dans Molsheim. Ils ont occupé les points stratégiques avec des mitrailleuses et ont creusé plusieurs tranchées. Au lever du jour, ils avaient disparu parce qu’on entendait arriver les chars américains. Enfin, à 10 h, apparurent les premiers Américains – huit hommes – venant d’Avolsheim. Vers 14 h, d’autres soldats sont signalés près de la gare. Par la suite, plusieurs colonnes de militaires américains ont envahi la ville, en rasant les murs des maisons. Ils ont été accueillis avec joie par la population, avec des fleurs, des pommes, du vin, et les enfants ont reçu du chocolat.
De longues colonnes de chars, de tanks et autres véhicules blindés continuent de traverser la ville en direction de Strasbourg et d’Obernai. A 10 h, une fête spontanée est organisée place de l’Hôtel-de-Ville par le comité local des FFI, en présence des autorités civiles, militaire et religieuses, A cette occasion, Alphonse Meyer prend la parole pour remercier les libérateurs, et La Marseillaise est reprise avec enthousiasme par la foule.
Dans la matinée, poursuite du transit de convois militaires en direction de Sélestat. Une douzaine de collaborateurs sont réquisitionnés par les FFI pour creuser les tombes des trois Allemands tués près du pont et enlever les barrages antichars. On entend le grondement du canon : il y aurait des combats au pied du Mont Sainte-Odile.
Du fort de Mutzig, on entend toujours des coups de canons et des tirs de mitrailleuses. Environ 100 à 200 soldats allemands se trouvent encore dans les galeries souterraines et vont être délogés aux gaz. La canonnade des fronts Nord et Sud de Strasbourg devient de moins en moins audible.
Coups de canons au loin et venant de la forteresse. Passage de convois de chars venant de la vallée de la Bruche et se dirigeant vers Saverne et Sélestat.
Comme la veille.
Installation à Molsheim du quartier général du 30e Régiment d’Infanterie de l’Armée américaine. Parmi eux, un jeune soldat de 20 ans, Stanley B. Loomis, auteur des photographies inédites illustrant cet article. Le fort de Mutzig n’est toujours pas « nettoyé ». La veille, des avions américains ont tenté de le bombarder mais sans grand succès à cause du brouillard.
Du haut de la chaire, le curé Paul Kratz a prêché en trois langues (français, allemand, anglais). En plus de quelques officiers français, l’église Saint-Georges accueillait de nombreux soldats américains dont le recueillement a fait bonne impression sur les paroissiens.
Vers midi, Henri Meck est revenu dans sa ville en tant que maire, après quatre années d’exil. Feu animé sur la colline et fortes explosions sur la forteresse. A 13 h 30, de nombreuses vitres sont détruites par le souffle d’une très forte explosion sur le fort qui est prit d’assaut le soir, entre 22 h et 24 h, alors que la colline est illuminée par des fusées éclairantes.
Les derniers Allemands retranchés dans la forteresse se sont rendus à 3 h du matin. Les Américains annoncent : « La fort de Mutzig a déposé les armes ». Première journée sans coup de canon.
Du point de vue scolaire, on dénombre la Mittelschule (76 élèves) ; l’école élémentaire catholique des garçons (187 élèves) et celle des filles (186 élèves), l’école élémentaire protestante (42 élèves) ainsi que l’école maternelle (120 enfants).
Le Couvent Notre-Dame héberge 60 chanoinesses et 2 vicaires, tandis que le Pensionnat regroupe 53 jeunes filles encadrées par 10 sœurs enseignantes.
Edouard SCHMIDT fonde le Fussball Club, première association sportive de Molsheim.
Confirmation par Monseigneur Adolf FRITZEN.
« On se vit dans la nécessité d’abattre le campanile de l’église, car tout le bois était pourri et, au moment de sonner les cloches, le tout menaçait de s’écrouler. On le remplaça par un nouveau dans lequel on fit entrer tout ce qui pouvait encore servir »
Recensement de la population : 3162 habitants (dont 2653 catholiques, 435 protestants et 74 juifs) répartis dans 506 maisons.
Construction de la résidence du Sous-Préfet (1, route de Mutzig) sur les premières pentes du Stierkopf.
Louis ROEHMER est chef du Corps des Sapeurs Pompiers.